lundi 22 décembre 2025

Impasse stratégique

 

📌 Analyse froide d’une impasse stratégique
Les faits d’abord.
⚡Aujourd’hui, le renseignement américain est clair et sans ambiguïté :
Vladimir Poutine n’a jamais renoncé à ses objectifs de 2022.
🙅🏼‍♀️Son objectif n’est pas le Donbass, mais toute l’Ukraine🇺🇦, le démantèlement de son État, et à terme une remise en cause de l’ordre de sécurité européen — y compris les pays baltes et d’autres anciens États de l’espace soviétique.
Il ne s’agit ni d’une fuite médiatique, ni d’une interprétation militante, mais d’une évaluation officielle de la communauté du renseignement.
‼️Donald Trump a reçu ces briefings. Il peut les contester, mais il ne peut pas dire qu’il ne savait pas.
Nous ne sommes donc pas dans la situation où Trump serait mal informé.
❕Trump est informé.
⁉️Et pourtant, que voyons-nous ?
La directrice du renseignement, Tulsi Gabbard, commence déjà à expliquer que « les rapports ont été mal compris », tandis que Donald Trump continue à marteler publiquement la même ligne :
– « il faut faire pression sur l’Ukraine »,
– « céder le Donbass »,
– « Poutine s’arrêtera là ».
Cette position contredit frontalement l’analyse du renseignement américain.
La question devient donc centrale :
👉 sur quoi Donald Trump parie-t-il exactement ?
En laissant de côté, volontairement, toute hypothèse conspirationniste, trois explications rationnelles sont possibles.
Aucune n’est rassurante.
1️⃣ « Je sais, mais je m’en fiche » — le cynisme politique
Trump peut considérer qu’il ne cherche pas une paix durable, mais une image immédiate de “faiseur de paix”.
Ce qui se passera dans deux ou trois ans ne relève plus de son horizon politique.
Il accepte donc le risque de l’échec.☝️
Il sait que Poutine mentira probablement ou ira plus loin.
Mais son calcul est politique, pas stratégique.
Ce n’est pas de la naïveté.
C’est du cynisme assumé.
2️⃣ « Le renseignement se trompe, moi je saurai négocier » — l’erreur fatale😫
Trump ne fait pas confiance aux institutions :
– ni au renseignement,
– ni à la diplomatie,
– ni aux experts.
Il peut croire qu’ils exagèrent, qu’ils dramatisent, et que lui saura “faire un deal”.
Le problème est simple :
Poutine n’est ni un promoteur immobilier, ni un partenaire syndical.🙅🏼‍♀️
Ses objectifs sont idéologiques et existentiels.
Ils ne se négocient pas. Ce n’est pas un prix au mètre carré.
Si Trump croit sincèrement pouvoir “l’acheter”, c’est un effondrement total dans l’évaluation de l’adversaire.
3️⃣ « Je sais, mais je fais semblant de ne pas savoir » — le scénario le plus inquiétant
Ici, le renseignement fait son travail : il alerte publiquement, fixe les faits, documente la menace.
Pour que, demain, personne ne puisse dire : « on ne nous avait pas prévenus ».
Le politique, lui, choisit de passer outre, de minimiser, de réinterpréter.
Cela signifie que Donald Trump s’engage sciemment dans une stratégie que les professionnels jugent vouée à l’échec.
‼️☝️Le cœur du problème n’est pas l’Ukraine
L’Ukraine est la fixation personnelle de Poutine.
Elle est une menace existentielle pour le récit poutinien.
Une Ukraine libre, démocratique et européenne prouve qu’un autre modèle est possible — et cela fait exploser tout le narratif autoritaire russe.
C’est pourquoi les concessions ne désamorcent pas le conflit.
Elles le confirment.
Du point de vue de Poutine :
Si le Donbass est cédé, le reste suivra.
Le comportement de Donald Trump relève donc de l’un de ces trois choix :
– un cynisme conscient,
– une surestimation dangereuse de ses capacités,
– ou un calcul politique au mépris des conséquences.
Les trois sont catastrophiques.
Pour l’Ukraine.
Pour l’Europe.
Et, à terme, pour les États-Unis eux-mêmes.

mardi 16 décembre 2025

Tor

 VOICI UN INTERNET INVISIBLE CRÉÉ PAR UN GOUVERNEMENT.

Puis… abandonné volontairement au monde.
Résultat ?
2,5 MILLIONS de personnes l’utilisent chaque jour pour la liberté.
Sans être tracées.
Sans être identifiées.
Sans pouvoir être arrêtées.
Bienvenue dans l’histoire de Tor.
ÉTATS-UNIS, ANNÉES 1990
Un cauchemar que personne n’avait vu venir
Washington D.C., 1995.
Paul Syverson, mathématicien au Naval Research Laboratory (l’un des laboratoires les plus secrets de l’armée américaine), fixe son écran.
Et il comprend quelque chose de terrifiant :
Tout ce que tu fais sur Internet laisse une trace.
Chaque email.
Chaque site visité.
Chaque message.
Chaque clic.
Tout est traçable.
Archivable.
Exploitable.
Et là, une question stratégique surgit :
👉 Comment protéger des agents secrets si l’ennemi peut tout voir ?
LA QUESTION IMPOSSIBLE
Paul formule une idée qui semble folle en 1995 :
« Et si on créait un Internet où PERSONNE ne peut savoir ce que tu fais ?
Pas même nous.
Pas même l’État. »
Zéro traçabilité.
Zéro visibilité.
Zéro centre de contrôle.
Une hérésie pour l’époque.
Mais il commence à coder.
ONION ROUTING L’ARME SECRÈTE
Entre 1995 et 1998, Paul Syverson, David Goldschlag et Michael Reed inventent Onion Routing.
Le principe est révolutionnaire :
• Ton message est enveloppé en plusieurs couches de chiffrement
• Il transite par plusieurs relais
• À chaque étape, une couche est retirée
• Aucun relai ne connaît l’origine ET la destination
Comme un oignon 🧅
Chaque couche protège la suivante.
Résultat :
• Personne ne voit le message complet
• Personne ne sait d’où il vient
• Personne ne sait où il va
👉 Mathématiquement quasi impossible à tracer.
CLASSIFIÉ : SECRET DÉFENSE
La Navy brevète la technologie.
Statut : Secret Défense.
Usage prévu :
👉 Exclusivement militaire.
Les civils ?
Ils ne devaient jamais en entendre parler.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
LE MOMENT OÙ TOUT BASCULE
MIT Boston.
Deux jeunes programmeurs :
• Roger Dingledine (24 ans)
• Nick Mathewson (23 ans)
Startup en faillite.
Pas d’argent.
Pas d’avenir clair.
Roger assiste à une conférence sur la privacy.
Il y rencontre Paul Syverson.
Paul explique son problème :
« J’ai une bourse pour améliorer Onion Routing, mais plus personne pour coder. »
Roger répond :
« Et si je codais pour vous… en open source ? »
Un pari fou.
Un génie stratégique.
Paul accepte.
LA NAISSANCE DE TOR
Le projet s’appelle The Onion Routing Project.
Puis simplement : Tor.
Ils simplifient le code militaire.
Ils l’améliorent.
Ils le rendent accessible.
👉 Septembre 2002 : Tor est publié. Gratuitement. Open source.
Sans fanfare.
Sans communiqué.
Mais le monde venait de changer.
L’EXPLOSION SILENCIEUSE
Au début, Tor est utilisé par :
• des développeurs
• des chercheurs
• des journalistes
Puis…
🇨🇳 Chine
Des reporters communiquent sans être arrêtés.
🇮🇷 Iran
Des activistes s’organisent malgré la censure.
🇦🇫 Afghanistan
Des femmes contactent des ONG sans être surveillées.
🇸🇾 Syrie
Des preuves de crimes de guerre sont envoyées au monde entier.
Tor devient une bouée de survie numérique.
2013 : L’EFFET DOMINO
Printemps arabe.
Manifestations.
Coupures d’Internet.
Tor explose.
De quelques milliers d’utilisateurs…
👉 à plusieurs millions par jour.
Aujourd’hui :
2,5 MILLIONS d’utilisateurs quotidiens.
UNE INFRASTRUCTURE IMPOSSIBLE À DÉTRUIRE
Tor n’a pas de serveur central.
Il fonctionne grâce à :
👉 des milliers de volontaires dans le monde.
Des gens ordinaires qui hébergent des relais.
Sans argent.
Sans reconnaissance.
Par pur engagement.
Tu bloques un relai ?
Trois autres apparaissent.
Tor est une hydre numérique.
LE PARADOXE QUE LES ÉTATS DÉTESTENT
Oui, Tor est aussi utilisé pour le crime.
Environ 6–7 % des usages.
Mais 93 % servent à :
• la liberté d’expression
• la protection des sources
• la survie d’activistes
• la privacy basique
👉 Des millions de vies dépendent de Tor.
DES HÉROS SANS CÉLÉBRITÉ
Foreign Policy les classe parmi les 100 penseurs mondiaux.
Mais :
• Pas de fortune
• Pas de gloire
• Pas de pouvoir
Juste une idée.
Roger Dingledine dirige encore Tor en 2025.
Nick continue de sécuriser le code.
Paul observe sa création… libérer le monde.
LE MESSAGE QUE TOR INCARNE
« Chaque être humain mérite la vie privée.
Peu importe son pays.
Peu importe son gouvernement. »
C’est ça qui terrifie les États.
Parce qu’une idée sans centre…
👉 ne peut pas être détruite.
TOR, CE N’EST PAS QU’UNE TECHNOLOGIE
C’est une idée.
Une résistance silencieuse.
Une promesse.
👉 La liberté ne choisit pas qui elle protège.
Elle protège tout le monde.
Ou personne.
Et c’est pour ça que Tor existe.

mercredi 3 décembre 2025

Cas d'étude sur la Manipulation

 Éditorial du New York Times, par le comité de rédaction.

Étant donné tout le bruit conspirationniste entourant l’affaire Jeffrey Epstein, on comprend pourquoi certains Américains sont aujourd’hui tentés de détourner le regard. Pourtant, elle mérite de l’attention, car elle est devenue une étude de cas sur la manière dont le président Trump et ses conseillers manipulent le public et abusent du pouvoir. Même si les dossiers Epstein que le département de la Justice doit publier d’ici le 19 décembre ne contiennent aucune révélation significative concernant M. Trump, le président est déjà coupable d’avoir fait preuve de mépris envers le public à presque chaque étape de cette affaire.
Si M. Trump était n’importe quel autre président américain, sa relation personnelle avec M. Epstein constituerait à elle seule un scandale majeur. Les deux hommes ont autrefois été amis et aimaient plaisanter sur leur réputation de chasseurs de femmes. « Il est très agréable à fréquenter », déclarait M. Trump à propos de M. Epstein dans un portrait publié en 2002 dans un magazine. « On dit même qu’il aime les belles femmes autant que moi, et beaucoup d’entre elles sont plutôt jeunes. »
Dans un mot d’anniversaire grossier adressé à M. Epstein en 2003, M. Trump aurait apparemment signé son nom à l’emplacement des poils pubiens dans le dessin d’un corps de femme nue. La note contient la phrase : « que chaque jour soit un autre merveilleux secret. » Les deux hommes se sont brouillés, pour des raisons peu claires, avant que M. Epstein ne plaide coupable en 2008 à des accusations liées à un comportement sexuel impliquant une fille de 16 ans. En 2019, alors que le monde de M. Epstein s’effondrait, il écrivait dans un e-mail à propos de M. Trump : « Bien sûr qu’il était au courant pour les filles. »
Au moment de la campagne présidentielle de 2024, l’affaire Epstein était devenue une obsession MAGA, en lien avec les relations de M. Epstein avec des personnes puissantes, dont certaines étaient démocrates. Et la campagne de M. Trump se faisait un plaisir d’exploiter ces spéculations à des fins politiques. Il a indiqué dans des interviews qu’il publierait les dossiers, et ses alliés sont allés plus loin, encourageant les théories du complot.
JD Vance, colistier de M. Trump, a déclaré que la publication de ces dossiers était « importante ». Donald Trump Jr. a spéculé que les adversaires de son père « essayaient de protéger ces pédophiles ». Elon Musk affirma : « Si Kamala reçoit autant de soutien, c’est en partie parce que, si Trump gagne, la liste des clients d’Epstein deviendra publique. Et certains des milliardaires qui soutiennent Kamala en sont terrifiés. »
Une fois revenu à la présidence, M. Trump avait le pouvoir de faire ce qu’il avait indiqué vouloir faire : ordonner une large diffusion des dossiers. Il ne l’a pas fait. Au lieu de cela, ses subordonnés ont tenté de donner l’impression qu’ils étaient des champions de la transparence tout en évitant de publier de nouvelles informations.
Le calendrier est accablant. Fin février, des responsables de l’administration ont invité des influenceurs de droite à la Maison Blanche et leur ont remis des classeurs de documents Epstein, bien que certains participants aient été déçus qu’ils contiennent peu de nouveautés. Deux jours plus tard, la procureure générale, Pam Bondi, a proclamé que les Américains obtiendraient « l’intégralité des dossiers Epstein », avec des caviardages pour « protéger les informations du grand jury et les témoins confidentiels ». En mars, elle a parlé publiquement d’une « cargaison » de nouvelles preuves que son département avait récemment reçues. « Tout sera rendu public », affirmait Mme Bondi.
Mais l’approche de l’administration a changé — après que Mme Bondi a informé M. Trump que son nom apparaissait dans les dossiers. « Vous parlez encore de Jeffrey Epstein ? » a lancé le président aux journalistes en juillet. « On parle de ce type depuis des années. » Ce mois-là, le département de la Justice a déclaré ne pas avoir de liste de clients et cesser de divulguer du matériel lié à Epstein.
Pendant la campagne de 2024, l’équipe Trump avait profité du fait d’alimenter les spéculations ; une fois au pouvoir, et apparemment inquiète de la vulnérabilité de M. Trump, son opportunisme a été exposé.
À ce stade, M. Trump s’est engagé dans un effort agressif pour empêcher la publication d’informations supplémentaires. Après que deux membres de la Chambre — Ro Khanna, démocrate de Californie, et Thomas Massie, républicain du Kentucky — ont lancé une pétition pour ordonner cette publication, M. Trump a attaqué M. Massie pour manque de loyauté et a tenté d’intimider d’autres républicains pour qu’ils ne la signent pas. Il semble avoir fait pression sur Mike Johnson, le président de la Chambre, pour qu’il utilise des manœuvres procédurales afin d’empêcher la tenue d’un vote. Il s’est emporté sur les réseaux sociaux contre des « anciens partisans » pour avoir alimenté « le canular Jeffrey Epstein ». En juillet, il est devenu le premier président en exercice à déposer une plainte personnelle en diffamation contre une organisation médiatique lorsqu’il a poursuivi la société mère du Wall Street Journal et deux de ses journalistes pour leur article sur la note d’anniversaire d’Epstein. Le Journal a défendu son article.
À l’automne, alors qu’il devenait clair que la pétition Khanna-Massie aboutirait et que la Chambre adopterait un projet de loi imposant davantage de divulgations, M. Trump s’est à nouveau ravisé. D’abord, il a instrumentalisé le département de la Justice à des fins partisanes et lui a ordonné d’enquêter uniquement sur les liens de M. Epstein avec les démocrates — et non avec les républicains. Enfin, deux jours avant le vote prévu, M. Trump a inversé sa position sur le projet de loi, a exhorté les républicains à voter pour, puis a absurdement revendiqué le mérite de son adoption.
Il a signé la loi le 19 novembre, obligeant le département de la Justice à publier les dossiers dans un délai de 30 jours. La loi autorise la dissimulation des informations concernant les victimes ainsi que la rétention de documents liés à la défense nationale ou à une enquête fédérale en cours.
Nous tenons à souligner que nous avons des réserves concernant la publication de ces dossiers. Les documents d’enquête ne font normalement pas partie du dossier public, et ce pour une raison. Ils contiennent généralement un mélange de faits, de spéculations et de pistes erronées, et peuvent nuire injustement à des réputations. Ils peuvent parfois blesser les victimes. Nous reconnaissons également que l’affaire Epstein n’est pas typique. Elle a révélé une forme de pourriture morale dans certains cercles de l’élite américaine, car M. Epstein est resté présent dans certains de ces milieux longtemps après avoir dû s’inscrire comme délinquant sexuel. Bon nombre de ses victimes, se sentant trahies par le système judiciaire, souhaitent légitimement que les dossiers deviennent publics. Beaucoup d’autres Américains veulent avoir la possibilité d’évaluer la conduite des enquêteurs et des procureurs, ainsi que celle des amis influents de M. Epstein.
Même si la question de la publication des dossiers est complexe, le comportement de M. Trump a été indéfendable. Sa campagne a tiré profit de crimes monstrueux pour en retirer un avantage politique. Il a trompé le public américain sur ses relations avec M. Epstein et sur son attitude à l’égard de la publication des dossiers. Il a politisé le département de la Justice dans cette affaire, comme dans tant d’autres.
Désormais, alors que ce même département sera chargé de caviarder les documents pour protéger des personnes innocentes, la sécurité nationale et des enquêtes en cours, les Américains devraient considérer le résultat de ce processus avec scepticisme. Tout porte à croire que l’administration Trump exploitera ce processus pour protéger ses alliés mentionnés dans les dossiers (à commencer par le président lui-même) et pour embarrasser les démocrates et autres adversaires perçus. Le Congrès doit se tenir prêt à défier M. Trump à nouveau sur ce sujet et à enquêter sur la manière dont le département de la Justice gérera cette publication.
Quelle que soit la fréquence à laquelle le nom de M. Trump apparaît dans les dossiers, les Américains ne doivent pas abaisser leurs standards. Ils doivent exiger davantage de leurs présidents, même de celui-ci.

Impasse stratégique

  Analyse froide d’une impasse stratégique Les faits d’abord. Aujourd’hui, le renseignement américain est clair et sans ambiguïté : Vladimi...