lundi 6 mai 2024

Vieillir et mourir

 

En paix avec mes 85 ans faits.
 
Je ne suis pas de ceux qui voient la vieillesse comme un naufrage. Certes, je suis passablement gâté par la vie, Je n'ai pas de maladie incapacitante ou souffrante. Pour le reste, je pense qu'on a pas mal la vie qu'on s'est faite.
 
Je vieillis, c'est indéniable. Mon CORPS s'use. Mon cœur s'emballe. Ça grince de partout. Ça démarre plus lentement. Ça récupère moins vite. La mémoire oublie. Les mots se dérobent. Les oreilles se durcissent. La démarche se désapprend. Le corps ramollit et se dessèche. Le sexe ne répond plus à la libido qui persiste. Le monde rétrécit et s'éloigne. La vie ralentit et le temps s'accélère. L'équilibre se fragilise. Tout se fragilise. L'heure du départ se rapproche. On refait à l'envers le chemin vers le temps où on n'était pas et où on ne sera plus.
 
Mais la CONSCIENCE, elle, est plus vive, plus profonde, plus compréhensive avec l'âge. Le regard s'affine. Le cœur s'attendrit. L'âme s'éveille. Le silence parle. Serge Bouchard avoue : « Plutôt que de chercher la vérité du monde, j'ai poursuivi sa beauté. ». À la fin, c'est en effet la beauté qui l'emporte. C'est la Vie. C'est l'Univers. C'est le Soleil, les arbres, le fleuve. C'est le calme et l'intimité de la maison, la douceur du sommeil, la joie de vivre d'un petit-fils, la sécurité de la vieillesse, mon « Petit pays » au « Doux pays » du Kamouraska.
 
J'ai longtemps pensé que je ne dépasserais pas 65 ans. Puis, j'ai allongé la mise jusqu'à 75 ans. Me voilà parvenu à 85 ans. Et je me surprends à envier Guy Rocher qui vient d'en faire 97 avec la voix sûre et les idées claires. C'est un privilège de pouvoir vieillir.
 
La vieillesse est la saison des bilans , l'inévitable « plongée en soi-même et repli de survivance» (Serge Bouchard): l'âge nous oblige à réinterpréter nos vies, à en chercher le fil conducteur, à en peser les réussites, les ratés, les blessures, les moments-charnière; à faire le ménage, à prendre des distances, à transmettre à ceux qui restent et qui viennent ce qui mérite de l'être, C'est pourquoi j'écris, chez moi, de source, en attendant, et vous qui me lisez m'aidez à me sentir vivant.
 
Comme un bateau qui quitte le port, les vieux se détachent, s'éloignent. Les souvenirs deviennent leurs trésors les plus précieux: ils remplacent ce qui ne peut plus être. Leurs descendants relaient derrière eux leur empreinte dans la chaîne de l'ADN et du temps.
 
Vieillir n'a rien d'effrayant quand on prend conscience de quoi nous sommes faits.
Nous sommes fait de la matière de l'Univers, nous sommes fils de la Terre et du Ciel, nous sommes poussière d'étoiles, nous sommes issus de cette fureur de vivre qui pousse l'énergie cosmique à s'organiser, à vivre et à penser (Hubert Reeves).
Nous ne naissons pas : nous avons toujours été: nous apparaissons, comme l'herbe au printemps,
 
Nous ne mourrons pas : nous serons toujours : nous disparaissons, comme l'herbe à l'automne.
 
Nous sommes faits de la substance, de l'énergie et du mouvement de l'Univers. Entre l'hiver infini où nous n'étions pas et l'hiver infini où nous ne serons plus, nous vivons le temps d'un printemps, d'un été et d'un automne éphémères, nous sommes des étoiles filantes, trois petits tours et on s'en va, nous laissons une empreinte : nos enfants, nos amours, nos oeuvres.
 
Nous sommes, l'instant d'une vie, la Conscience de l'Univers. Les dieux, les récits et les philosophies qu'on a inventé pour le dire ne valent pas un coucher de soleil, un arbre vivant, la naissance d'un animal ou d'un enfant, l'embrasement de deux corps, la permanence d'un attachement, le dévouement d'un travailleur, le courage du peuple... et la cruauté de ses maîtres. La beauté du monde a réponse à tout.
 
Vieillir et mourir, comme le soir d'un beau jour : demain est un autre jour.

 

samedi 4 mai 2024

L Effet Dunning-Krueger

 Un des principes fondamentaux de notre vie est l'effet Dunning-Kruger.

L Effet Dunning-Krueger est un paradoxe psychologique que nous rencontrons tous souvent dans notre vie :

« Les gens moins compétents se considèrent comme des professionnels, et les personnes plus compétentes ont tendance à douter d'elles-mêmes et de leurs capacités
Plus le niveau de compétence est bas - plus la confiance en soi est élevée ».

L'effet est comme ceci :
« Les gens peu qualifiés prennent de mauvaises conclusions et de mauvaises décisions, mais ils sont incapables de réaliser leurs erreurs à cause de leur faible qualification. "

Décoder : ne pas comprendre les erreurs commises entraîne la confiance en soi, et donc une confiance accrue dans ses décisions et en soi, ainsi qu'une conscience de sa supériorité.

Le point de départ de leur recherche Dunning et Krueger ont nommé les fameux dictons de Charles Darwin
« L'ignorance produit plus souvent la confiance que la connaissance »

et de Bertran Russell :
« L'une des caractéristiques désagréables de notre époque est que ceux qui se sentent confiants sont stupides, et ceux qui possèdent une imagination et une compréhension sont pleins de doute et d'indécision. "

Via Christine Duminy-Sauzeau




  1. Le rasoir de Hanlon est une règle de raisonnement permettant d'éliminer des hypothèses. Formulée en 1980 par le programmeur américain Robert J. Hanlon, cette règle s'énonce de la manière suivante : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer. » 
  2. "Plus on apprend et plus on mesure l'étendue de son ignorance" (Hubert Reeves)

Images créées numériquement